ton corps est la chose la moins intéressante chez toi

après deux décennies à détester mon corps, à haïr chaque centimètre cube de mon enveloppe physique, j'ai fait le travail conscient (et continu) de m'aimer davantage. d'apprécier mon corps comme on apprécie une œuvre d'art, de l'aimer inconditionnellement malgré les retours extérieurs constants qui me ramenaient à son imperfection sociale - pas assez plat ici, trop plat là.

après tant d'années à nourrir des sentiments négatifs à l'égard de ma chair, j'ai pris un virage à 180° et j'ai travaillé dur pour changer ces histoires que je me racontais. j'ai suivi des dizaines de comptes de personnes qualifiées de "curvy" ou "plus size", j'ai englouti des livres d'ex TCA, je me suis noyée dans un discours de compassion aveugle et radicale. je suis devenue body positive.

quelques temps de réflexions et quelques considérations personnelles / émotionnelles / de santé plus tard, j'ai modifié mon discours (💡 rappel qu'il est accepté de changer d'opinion après des recherches ou davantage de réflexion - nous ne sommes pas des pierres, formidable! Usons de notre esprit pour évoluer et changer d'avis). je ne voulais plus faire de mon corps mon combat, je n'avais plus l'énergie d'être en constante représentation, je ne voulais plus que mon corps soit mon outil d'engagement. j'aspirais à autre chose, je pensais à autre chose, je m'intéressais moins à cet aspect de ma personne.

 

— je ne voulais plus que mon corps soit mon outil d'engagement. —

l'appréciation de mon corps en poche, délestée d'un dégoût lourd et inutile qui m'empêchait de vivre pleinement, j'ai pu trouver un juste milieu. une neutralité calme, facile, apaisée. mon corps est une entité formidable, qui m'accompagne depuis toujours sans trop de tracas, que j'ai fini de haïr, pour qui j'ai gagné en respect. et c'est très bien comme ça. ça me suffit. j'ai choisi un désintérêt bienveillant, comme si je lui disais "fais comme tu veux, fais comme tu peux. je te fais confiance."

cette neutralité m'accompagnera dans la grossesse aussi. une manière de dire à mon corps "tu fais un travail extraordinaire qui relève presque de la magie. pour autant, tu le fais naturellement, tu sais comment le faire, tu l'as déjà fait dans d'autres vies. je te fais confiance et je te soutiendrai dans cette prouesse."

cette magie désinvolte, le corps l'exécute à chaque instant de la vie. respirer, marcher, digérer, créer la vie... biologiquement, ça relève du miracle. pourtant, ces mécanismes sont routiniers, machinaux, juste normaux.

je veux trouver le parfait milieu entre gratitude + émerveillement et lâcher prise, confiance infinie. mon corps est la chose la moins intéressante chez de moi et pourtant, il s'apprête à créer quelqu'un qui va bouleverser ma vie.

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