il n’y a pas de pente naturelle vers une maternité plus en pouvoir

ce titre est la variation d'une déclaration de Fatima Benomar, entendue dans l'épisode d'Affaires Sensibles "1975, année de "la" femme" - la militante et autrice dit cela à propos de l'égalité pour laquelle les femmes se battent. elle rappelle que c'est par la force des grands rendez-vous et des actions conscientes que les choses changent.

ce discours vient me cueillir cet après-midi alors que je réfléchis à toutes les recherches conscientes que je veux faire pour vivre la grossesse et l'accouchement que je désire. je me sens débordée et pour tout dire, j'ai un peu la flemme.

il m'est déjà arrivé, dans mes engagements et mes revendications, de ressentir une fatigue et un accablement militants. parfois, j'en ai marre de devoir reprendre les gens quand ils font une blague sexiste, de sensibiliser mes proches, de m'assurer que mon couple est égalitaire. parfois, j'ai pas envie de lire les rapports des comptes féministes qui listent un énième féminicide. parfois, je voudrais m'en foutre, ce serait bien plus facile.

dans mon futur parcours de mère, je ressens parfois cette même lassitude. est-ce que ce serait pas plus simple de se laisser faire ? de vivre au jour le jour et d'accoucher à l'hôpital, à me laisser guider par un gynéco et des sage-femmes ? qu'est-ce que j'essaie de prouver, au juste, avec ces choix de vie alternatifs et radicaux ?

— parfois, je voudrais m'en foutre, ce serait bien plus facile. —

et puis j'entends des mots pleins de sagesse comme ceux de Fatima Benomar, qui me rappellent que la révolution ne vient pas naturellement, qu'elle n'arrive pas par magie, comme ça, toute chaude dans notre assiette.

la révolution, qu'elle soit sociale ou maternelle, commence par une prise de conscience, une curiosité, une révolte à qui l'on donne de l'intérêt, puis elle se mue en des recherches conscientes, des actions concrètes, des idées parfois effrayantes des décisions souvent radicales.

un enfant qui apprend à marcher, c'est une petite révolution en soi. la curiosité de se lever, une envie d'avancer sur ses deux jambes, des actions concrètes, l'idée effrayante de tomber, une décision radicale de se lancer. les enfants font la révolution parfois même avant leur premier anniversaire.

je sais ce que je veux pour ma grossesse, mon accouchement et mon postpartum. je sais que pour les vivre de manière authentique à ce que je désire, je dois prendre mes responsabilités, faire mes recherches, honorer mes idées effrayantes, prendre des décisions radicales.

je vois le chemin que j'ai choisi d'emprunter comme une rivière que je prends à contre-courant. oh, pas un gros courant menaçant, mais un petit flot qui me fait pagayer un peu plus que ceux et celles que je croise dans l'autre sens, qui se laissent porter par le doux fil de l'eau. ce redoublement d'effort, c'est mon choix. maintenant, à moi de l'assumer.

Précédent
Précédent

un changement radical et étrange qui me fait sourire, souvent

Suivant
Suivant

ton corps est la chose la moins intéressante chez toi