se rendre à l’évidence

Je suis en sevrage d’instagram mais je fais la rebelle, je suis allée chercher un post d’alternatives low tox pour faire mes courses et comme je suis complètement accro j’ai checké un peu le feed du compte qui était connecté sur l’ordi (@maternal.rascal, donc). et j’ai vu le post de Louise Chabat sur son allaitement.

 
 

Cascade de réactions: jalousie, honte, tristesse, résignation. Ce n’est pas l’histoire que j’ai écrite avec ma fille. moi qui voulais dépasser les 12 mois, je n’ai pas atteint les 8. quand je lis les mots de Louise sur “le regard” de son fils, je me rappelle celui de Pia, mais j’ai du mal. Alors je regarde les vidéos que j’avais prises — prenez des vidéos de vous quand vous faites des trucs avec vos gosses, n’attendez personne — et ses grands yeux de petit bébé me font fondre. Ça me manque.

et puis les souvenirs douloureux reviennent. pas la douleur physique, mais la pression que je me mettais, le plaisir que je ne trouvais plus à nourrir ma fille de cette manière, les crises qu’elle faisait parce que ça ne marchait pas, mes pleurs parce qu’elle me rejetait (du moins c’était ce que mon ego d’adulte me criait), les sessions de tirage qui me bouffaient un temps monstre, l’inconfort de la sentir sur mes tétons au milieu de la nuit alors que la fatigue me rendait impatiente, la honte de ne pas aimer ce qui était le meilleur pour ma fille, ce manque d’abnégation qui faisait de moi une mère indigne à mes yeux, l’appréhension de la mettre au sein parce qu’il y avait 50% de chance qu’elle me refuse, encore, devoir découvrir ma poitrine en public après tant d’années à méthodiquement la cacher, cette intimité si crue, si intense, si profonde qui passait par la partie de mon corps que je déteste le plus, mêlée à la fierté qu’elle “serve” enfin, les mots bienveillants mais qui ne faisaient que renforcer que j’étais comme tout le monde, que je n’étais pas “spéciale”, que je n’étais pas une mère née.

élodie, dans l’épisode sur l’allaitement non écourté que je dois encore monter, parle d’être “l’esclave de son enfant”, chose qui ne l’a pas dérangée et qu’elle a embrassée pendant 4 ans. ça m’a rappelé un passage dans “the subtle art of not giving a fuck” où l’auteur mentionne de “choisir ses galères” (je paraphrase) — dans chaque situation il y aura des bons et des mauvais côtés, le tout est d’accepter/choisir ces côtés moins reluisants de la situation.

par exemple: J’ai choisi de vivre en Australie, parce que je m’y sens chez moi, j’y ai trouvé l’amour et je vois mon futur ici. Vivre à 16 000 km de ses proches est évidemment un gros côté négatif et le revers de la médaille de ce choix qui me rend, en dehors de ça, la plus heureuse. et bien que parfois cette réalité me rende triste, c’est une galère que j’ai choisie, en toute connaissance de cause, et que j’accepte. ce n’est la faute de personne d’autre que moi et en même temps, ce choix me correspond à 1000% et j’en assume les conséquences.

J’imagine que pour élodie, le revers de la médaille d’être l’esclave de son enfant vaut bien tous les côtés positifs d’avoir allaité pendant plusieurs années. pour moi en revanche, c’était une galère que je n’étais pas prête à accepter/choisir. et ça aussi c’est quelque chose que je dois assumer.

c’est hyper dur de se l’avouer et encore plus dur de l’écrire. mais je crois qu’il y a une belle leçon ici. Quand on fait un choix qui n’est pas le nôtre à 1000%, on finit toujours par se prendre les pieds dans le tapis. Je pense que l’allaitement faisait partie de ces choses de la maternité que j’ai idéalisées et pour lesquelles j’ai fait tellement de prosélytisme (et à raison, l’allaitement c’est vraiment la meilleure chose pour le bébé et je ne reviendrai pas sur cet avis), que ça aurait été hypocrite de ma part de ne pas le pratiquer.

Mais comme pour beaucoup de choses concernant la parentalité, il y a la théorie et la pratique. et la pratique varie tellement selon les individus qu’il est difficile de prévoir l’avenir.

à la fin de son post, Louise chabat dit “JAMAIS je n’aurais cru allaiter aussi longtemps”. et moi j’aurais cru allaiter plus longtemps. est-ce que je peux essayer de le voir comme une curiosité? quelque chose qui me surprend mais me laisse neutre? J’y arriverai, pour l’instant, je reste coincée entre ma déception et ma détermination à assumer mes choix, même difficiles à accepter.

C’est notre histoire et je la chéris.

 
 
Suivant
Suivant

un changement radical et étrange qui me fait sourire, souvent